Le 30 juin 2011 a été signé un accord entre la Commission européenne et la principauté d'Andorre, selon lequel l'euro devenait la monnaie officielle de
la principauté, bien que celle-ci ne soit pas membre de l'union
européenne (depuis 2002 l'euro était la monnaie de fait). La
principauté ne pourrait pas émettre de billets, mais elle pourrait
frapper des pièces (pour la première fois de son histoire), à
partir du 1er juillet 2013, date qui a été repoussée au 1er janvier
2014 en raison de divers problèmes. un concours a été lancé
pour déterminer ce qui serait représenté sur la face des pièces
laissée à l'initiative des états utilisateurs. Le graphisme
gagnant, pour les pièces de 10, 20 et 50 centimes, fut une
représentation du Christ Pantocrator de l'église Saint-Martin
de Cortinada, avec le campanile de l'église Sainte-Colombe :
deux éléments majeurs du patrimoine de la principauté.
Mais la Commission européenne a décidé qu'on ne pouvait
pas admettre le portrait du Christ sur une pièce de monnaie
de l'UE. Elle a donc demandé à Andorre de « reconsidérer
le motif pour ne pas rompre le principe de neutralité en
matière de croyance religieuse ».
Et, sans même discuter, Andorre a supprimé le Christ
Pantocrator, et l'a remplacé par une espèce de
ruine anonyme.
Les Slovaques n'ont pas plié
Les autorItés d'Andorre auraient pourtant pu prendre exemple sur le
gouvernement slovaque, qui n'a pas fléchi, et qui a gagné.
En effet, pour le 1 150e anniversaire de la conversion
du pays par saint Cyrille et saint Méthode, les Slovaques
avaient décidé d'émettre une pièce de 2 euros représentant
les deux saints.
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La Commission européenne avait exigé que soient retirées la croix et les auréoles.
Mais la croix (d'Anjou) fait partie des armoiries de la République slovaque. Dans un premier temps, les Slovaques
avaient donc décidé de supprimer les auréoles (ce qui en fait mettait davantage la croix en relief). Mais, vu le tollé que
provoquait la demande de la Commission européenne un peu partout en Europe (dans les pays pas encore complètement
athéisés), ils avaient finalement décidé de proposer à la Commission. le dessin originel. avec le soutien franc et
massif de leurs évêques. Et c'est la Commission qui a cédé. La pièce de 2 euros, aujourd'hui en circulation, représente
bien les deux saints avec leur auréole. Et bien sûr la croix.
Le Vatican non plus
D'autre part, le Vatican, qui est dans la même situation qu'Andorre en ce qui concerne les
relations avec l'UE, et qui jusqu'ici a à peu près respecté le laïcisme de l'UE, va
émettre en novembre une pièce de 2 euros commémorant les dernières JMJ, avec le Christ
Rédempteur de Rio.
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Et Bruxelles garde le silence.
Le problème d'Andorre est l'un de ses deux co-princes.
Les dirigeants de la principauté devraient tout de même méditer la phrase du Christ : « Celui qui me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père qui est
dans les cieux. »
Yves DAOUDAL
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