|
« LE SACRÉ ART CONTEMPORAIN »
Réflexions sur l’'ouvrage d’'Aude de Kerros
Le titre de l’ouvrage, avec ces
trois mots ainsi accolés et
ordonnés, est d’abord source
de perplexité.
À la lecture, on comprend vite
pourquoi : le titre s’accorde somme
toute avec la particularité de ce que
l’on appelle « art contemporain »
et qui pourrait tout aussi bien
s’écrire « arcontemporain » ou
encore « lardcon-temporain », tant il y a chez les idéologues
de ce phénomène une volonté provocatrice,
mais sans risque aucun, puisque cet « art-con » est
depuis longtemps officiel, installé, subventionné et
pire encore, « catholiquement » obligatoire car justifiant,
très coûteusement, l’existence d’une cléricature d’« inspecteurs
de la création » et d’« experts » des différents
organes nationaux, régionaux, municipaux, qui agit
en connivence, en symbiose avec la cléricature également
dominatrice de l’Église catholique ou plutôt de
la « post-Église », comme ils aiment la désigner.
La haine du beau et du vrai
Car le propre des théoriciens et créateurs, ou plutôt
des décréateurs, de « l’art comptant pour rien » est
explicitement la haine de l’art qui jusqu’alors dans
tous les âges et toutes les sociétés a été quête de beauté
et de vérité, de vérité par la beauté.
Le lard contemporain, qui est en effet surtout du
cochon, vomit la discrimination du laid par le beau,
du faux par le vrai, l’idée jusqu’ici communément
admise qu’il y aurait des choses plus belles que d’autres.
Cela, c’est une pensée abominable de justification de
l’inégalité. selon les grands initiés de « l’art » content
de lui, tout vaut tout selon les principes de la révolution
culturelle installée.
Bémol cependant pour ce qui est de la question fric !
Car l’idéologie de l’art comptant pour rien implique
tout de même que l’art dit contemporain soit payé
cher, très cher.
Le bidet, l’urinoir, les compositions d’étrons des
artistes du « tas », des concepteurs du tableau vide
sur fond vide, sont source de phénoménales spéculations.
Pour entrer puissamment dans ce jeu, il faut la fortune
de Christian Pinault dont l’évêque de gap Mgr di
Falco accueille avec un grand ravissement quelques
oeuvres prêtées pour donner enfin à la fois du sens et
du non-sens (l’un vaut l’autre) aux monuments de la
vieille religion !
Pourquoi il s’abat sur les monuments chrétiens
L’arnaque contemporaine est née aux États-Unis.
Aude de Kerros nous livre des pages très instructives
sur ses origines qui s’inscrivent dans tout le contexte
du néo-marxisme de Marcuse, du « new-age », de la
drogue écolo à gogo, de la théorie du gender
et de la grande émergence LgBt (à moins que ce soit gLtB ?) de l’unité des
« trans », des « bi », des gays et des lesbiennes.
il est intéressant de comprendre pourquoi « l’art
nique contempourri » s’est abattu avec prédilection
sur les monuments chrétiens : histoire bien sûr de provocation,
de sidération. sans risque, subventionné,
toujours subventionné et protégé de la mauvaise
humeur des « regardeurs non comprenants », stupides
fachos-cathos-réacs mais si utiles pour la pub. ensuite,
décervelé, inhibé par le noyau directeur de la divagation
épiscopale avec les évêques Rouet et Louis, le clergé
de 13 cathédrales et de dizaines d’églises a tout accueilli
à grand renfort de niaises pâmoisons.
Il prouve ainsi sa haute intellectualité, son ouverture.
Attention, l’art sacré contemporain ne se veut pas un
art religieux (c’est d’ailleurs heureux !) et ses concepteurs
sont d’abord choisis parce que non catholiques.
Le sacré, c’est tout, sauf une religion étriquée dans
le carcan de ses dogmes insupportables. on verra bientôt
dans mon Jean Jaurès, mythe et réalité que c’était
exactement la position du grand homme socialo-panthéonisé !
Et puis, en accueillant avec un fondamental esprit
d’ouverture l’arnique contemporaine, tout un clergé
montre combien il domine avec une grande hauteur
freudienne la désolante affaire des scandales pédophiles.
Quoique ?
Le « martyr » Keith Haring
Ainsi, puisqu’on parle d’ouverture, Aude de Kerros
nous apprend qu’un « saint » parmi les « saints » de
l’arnique niouage s’appelle Keith Haring. Ce hareng
niouorquai n’était pas un maquereau mais un héros.
dans les catalogues de ses expositions on découvre
avec grande émotion qu’il fut un « martyr de l’homosexualité
et des droits de l’homme » (sic !) mort du
sida en 1990.
L’expression est plutôt sibylline : fut-il martyrisé par
l’homosexualité et par les droits de l’homme ?
Il semble plutôt qu’on veuille dire qu’il fut martyrisé
pour son engagement dans la glorieuse cause de l’homosexualité
combattante désormais confondue avec
celle des droits de l’homme.
Mais martyrisé par qui ? Par la police de new-York ?
Par la secte des zétéros-terroristes ? ou pire encore,
par une abjecte Providence traitreusement instillatrice
de ce sida contre lequel il lutta, nous dit-on, sans bien
préciser sur quel front…
Toujours est-il que dans toute son oeuvre est représenté « the radiant
child », c’est-à-dire une émouvante image de l’homosexualité, de l’amour
et de l’innocence incarnée par un enfant rayonnant avec un anus en
forme de coeur.
Cela, c’est ce que l’on peut voir sur le retable intitulé
« la vie du Christ » installé dans une chapelle de l’église
saint-Eustache à Paris.
Faux art mais vrai parasite
Aude de Kerros nous décrit ce retable, conçu selon
toute une symbolique homosexuelle qui eût sans doute
suscité une fantastique méditation du bon docteur
Freud.
Mais au long de son livre, on découvre l’étendue de
l’investissement des lieux saints par la décréation-exécration-
excrémentation voulue par les pouvoirs désormais
confondus de « l’Église » et de l’État en matière
d’art contemporain sacré ou plutôt massacré.
La clé de toute cette affaire dont les pièces subventionnées
de Serrano, Castellucci et Garcia ne furent
que des épisodes, c’est que « l’art contemporain » dit
« sacré » consiste quasi systématiquement en un traitement
de dérision le plus souvent pornographique et
scatologique de Dieu, du Christ, de la Vierge, sous le
prétexte d’une interpellation à la réflexion des « regardeurs
», selon le vocabulaire de ses experts.
Le dit art contemporain est coûteux mais n’a pas
d’existence propre. il ne vit, parasitairement, que sur la
beauté, l’attirance constante que suscitent les monuments
qu’il investit sans la moindre vergogne. ses pseudocréateurs,
plaçant leur déjection à côté des grandes oeuvres, se vautrent
dans la complaisante
et indécente illusion de susciter de l’attirance.
C’est la même ignominie que
celle de ce pauvre Jean-Paul Sartre se
glorifiant d’avoir pissé sur la tombe de
Châteaubriand, vanité pitoyable de celui qui croit exister
mais n’existe courtement que par l’existence de ce sur
quoi il crache, de ce qu’il se complaît à souiller.
Placez donc les « oeuvres » de l’arnaque contemporaine
hors des palais et des cathédrales. selon les cas,
elles ne deviennent plus que ferraille dans le parc du
ferrailleur, croûte dérisoire dans le fatras du brocanteur,
puanteur de ce que les experts nomment les « exécra »
dans les épandages du vidangeur. elles n’existent plus.
Des artiste de la pompe à phynance
Pour méditer sur le triste, sur le laid, sur le mal, sur
la mort, on peut certes le faire par l’intercession de
l’art, par les oeuvres des visionnaires de l’horreur, de
la guerre et de l’enfer, par des Bosch et des goya et par
des Céline ; on peut même les traiter par le rire, la gauloiserie,
la paillardise, comme les chansons de carabins
pour se blinder face aux défis de la maladie et de la
mort. Mais, pour méditer sur le laid, sur le péché, sur
les injures et blessures faites à dieu, on n’a pas besoin
de peigneurs de vide, de dépeigneurs de culs, de bidets,
de préservatifs et d’étrons.
À moindre coût métaphysique, on peut tout trouver
pour cette méditation dans le désespoir des poubelles,
dans la visite des égouts, dans les cris d’angoisse existentielle
des usines désaffectées, des parcs à la ferraille
et de leurs objets inanimés et même des carapaces de
crabe vidés de chair et de mayonnaise.
Mais convenons tout de même qu’il y a dans ces
grands utilisateurs, comme ian Fabre, des exécrétions
et de l’exécration, et du blasphème protégé,
de véritables artistes de la pompe à phynance.
Il est souvent, nous le savons, bien suave
pour les « experts » des FRAC, du DRAC,
et des FNAC, en bonne connivence avec
l’expertise épiscopale, de décider de l’attribution
de marchés de l’art sacré contemporain,
sacrément juteux, aux estimables
« artistes » qu’ils apprécient.
Alors, on sable le champagne et on dîne
en ville. et là, pas question évidemment
d’absorber autre chose que des crus et des
mets de la meilleure tradition. Celle-là, on
la respecte. on ne s’avise pas de gober du
pré-décomposé, ni de la fleur de vidange.
L’anti-art a des limites qu’imposent les
douces exigences du portefeuille, du palais
et de l’estomac.
BERNARD ANTONY
| |