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Revue Reconquete n° 289
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289Bernard AntonyLe sacré Art Contemporain » Réflexions sur l’ouvrage d’Aude de Kerros

« LE SACRÉ ART CONTEMPORAIN »
Réflexions sur l’'ouvrage d’'Aude de Kerros

Le titre de l’ouvrage, avec ces trois mots ainsi accolés et ordonnés, est d’abord source de perplexité.

À la lecture, on comprend vite pourquoi : le titre s’accorde somme toute avec la particularité de ce que l’on appelle « art contemporain » et qui pourrait tout aussi bien s’écrire « arcontemporain » ou encore « lardcon-temporain », tant il y a chez les idéologues de ce phénomène une volonté provocatrice, mais sans risque aucun, puisque cet « art-con » est depuis longtemps officiel, installé, subventionné et pire encore, « catholiquement » obligatoire car justifiant, très coûteusement, l’existence d’une cléricature d’« inspecteurs de la création » et d’« experts » des différents organes nationaux, régionaux, municipaux, qui agit en connivence, en symbiose avec la cléricature également dominatrice de l’Église catholique ou plutôt de la « post-Église », comme ils aiment la désigner.

La haine du beau et du vrai
Car le propre des théoriciens et créateurs, ou plutôt des décréateurs, de « l’art comptant pour rien » est explicitement la haine de l’art qui jusqu’alors dans tous les âges et toutes les sociétés a été quête de beauté et de vérité, de vérité par la beauté.

Le lard contemporain, qui est en effet surtout du cochon, vomit la discrimination du laid par le beau, du faux par le vrai, l’idée jusqu’ici communément admise qu’il y aurait des choses plus belles que d’autres. Cela, c’est une pensée abominable de justification de l’inégalité. selon les grands initiés de « l’art » content de lui, tout vaut tout selon les principes de la révolution culturelle installée.

Bémol cependant pour ce qui est de la question fric ! Car l’idéologie de l’art comptant pour rien implique tout de même que l’art dit contemporain soit payé cher, très cher.

Le bidet, l’urinoir, les compositions d’étrons des artistes du « tas », des concepteurs du tableau vide sur fond vide, sont source de phénoménales spéculations. Pour entrer puissamment dans ce jeu, il faut la fortune de Christian Pinault dont l’évêque de gap Mgr di Falco accueille avec un grand ravissement quelques oeuvres prêtées pour donner enfin à la fois du sens et du non-sens (l’un vaut l’autre) aux monuments de la vieille religion !

Pourquoi il s’abat sur les monuments chrétiens
L’arnaque contemporaine est née aux États-Unis. Aude de Kerros nous livre des pages très instructives sur ses origines qui s’inscrivent dans tout le contexte du néo-marxisme de Marcuse, du « new-age », de la drogue écolo à gogo, de la théorie du gender et de la grande émergence LgBt (à moins que ce soit gLtB ?) de l’unité des « trans », des « bi », des gays et des lesbiennes.

il est intéressant de comprendre pourquoi « l’art nique contempourri » s’est abattu avec prédilection sur les monuments chrétiens : histoire bien sûr de provocation, de sidération. sans risque, subventionné, toujours subventionné et protégé de la mauvaise humeur des « regardeurs non comprenants », stupides fachos-cathos-réacs mais si utiles pour la pub. ensuite, décervelé, inhibé par le noyau directeur de la divagation épiscopale avec les évêques Rouet et Louis, le clergé de 13 cathédrales et de dizaines d’églises a tout accueilli à grand renfort de niaises pâmoisons.

Il prouve ainsi sa haute intellectualité, son ouverture. Attention, l’art sacré contemporain ne se veut pas un art religieux (c’est d’ailleurs heureux !) et ses concepteurs sont d’abord choisis parce que non catholiques. Le sacré, c’est tout, sauf une religion étriquée dans le carcan de ses dogmes insupportables. on verra bientôt dans mon Jean Jaurès, mythe et réalité que c’était exactement la position du grand homme socialo-panthéonisé !

Et puis, en accueillant avec un fondamental esprit d’ouverture l’arnique contemporaine, tout un clergé montre combien il domine avec une grande hauteur freudienne la désolante affaire des scandales pédophiles. Quoique ?

Le « martyr » Keith Haring
Ainsi, puisqu’on parle d’ouverture, Aude de Kerros nous apprend qu’un « saint » parmi les « saints » de l’arnique niouage s’appelle Keith Haring. Ce hareng niouorquai n’était pas un maquereau mais un héros. dans les catalogues de ses expositions on découvre avec grande émotion qu’il fut un « martyr de l’homosexualité et des droits de l’homme » (sic !) mort du sida en 1990.

L’expression est plutôt sibylline : fut-il martyrisé par l’homosexualité et par les droits de l’homme ?

Il semble plutôt qu’on veuille dire qu’il fut martyrisé pour son engagement dans la glorieuse cause de l’homosexualité combattante désormais confondue avec celle des droits de l’homme.

Mais martyrisé par qui ? Par la police de new-York ? Par la secte des zétéros-terroristes ? ou pire encore, par une abjecte Providence traitreusement instillatrice de ce sida contre lequel il lutta, nous dit-on, sans bien préciser sur quel front…

Toujours est-il que dans toute son oeuvre est représenté « the radiant child », c’est-à-dire une émouvante image de l’homosexualité, de l’amour et de l’innocence incarnée par un enfant rayonnant avec un anus en forme de coeur.

Cela, c’est ce que l’on peut voir sur le retable intitulé « la vie du Christ » installé dans une chapelle de l’église saint-Eustache à Paris.

Faux art mais vrai parasite
Aude de Kerros nous décrit ce retable, conçu selon toute une symbolique homosexuelle qui eût sans doute suscité une fantastique méditation du bon docteur Freud.

Mais au long de son livre, on découvre l’étendue de l’investissement des lieux saints par la décréation-exécration- excrémentation voulue par les pouvoirs désormais confondus de « l’Église » et de l’État en matière d’art contemporain sacré ou plutôt massacré.

La clé de toute cette affaire dont les pièces subventionnées de Serrano, Castellucci et Garcia ne furent que des épisodes, c’est que « l’art contemporain » dit « sacré » consiste quasi systématiquement en un traitement de dérision le plus souvent pornographique et scatologique de Dieu, du Christ, de la Vierge, sous le prétexte d’une interpellation à la réflexion des « regardeurs », selon le vocabulaire de ses experts.

Le dit art contemporain est coûteux mais n’a pas d’existence propre. il ne vit, parasitairement, que sur la beauté, l’attirance constante que suscitent les monuments qu’il investit sans la moindre vergogne. ses pseudocréateurs, plaçant leur déjection à côté des grandes oeuvres, se vautrent dans la complaisante et indécente illusion de susciter de l’attirance. C’est la même ignominie que celle de ce pauvre Jean-Paul Sartre se glorifiant d’avoir pissé sur la tombe de Châteaubriand, vanité pitoyable de celui qui croit exister mais n’existe courtement que par l’existence de ce sur quoi il crache, de ce qu’il se complaît à souiller.

Placez donc les « oeuvres » de l’arnaque contemporaine hors des palais et des cathédrales. selon les cas, elles ne deviennent plus que ferraille dans le parc du ferrailleur, croûte dérisoire dans le fatras du brocanteur, puanteur de ce que les experts nomment les « exécra » dans les épandages du vidangeur. elles n’existent plus.

Des artiste de la pompe à phynance
Pour méditer sur le triste, sur le laid, sur le mal, sur la mort, on peut certes le faire par l’intercession de l’art, par les oeuvres des visionnaires de l’horreur, de la guerre et de l’enfer, par des Bosch et des goya et par des Céline ; on peut même les traiter par le rire, la gauloiserie, la paillardise, comme les chansons de carabins pour se blinder face aux défis de la maladie et de la mort. Mais, pour méditer sur le laid, sur le péché, sur les injures et blessures faites à dieu, on n’a pas besoin de peigneurs de vide, de dépeigneurs de culs, de bidets, de préservatifs et d’étrons.

À moindre coût métaphysique, on peut tout trouver pour cette méditation dans le désespoir des poubelles, dans la visite des égouts, dans les cris d’angoisse existentielle des usines désaffectées, des parcs à la ferraille et de leurs objets inanimés et même des carapaces de crabe vidés de chair et de mayonnaise.

Mais convenons tout de même qu’il y a dans ces grands utilisateurs, comme ian Fabre, des exécrétions et de l’exécration, et du blasphème protégé, de véritables artistes de la pompe à phynance.

Il est souvent, nous le savons, bien suave pour les « experts » des FRAC, du DRAC, et des FNAC, en bonne connivence avec l’expertise épiscopale, de décider de l’attribution de marchés de l’art sacré contemporain, sacrément juteux, aux estimables « artistes » qu’ils apprécient.

Alors, on sable le champagne et on dîne en ville. et là, pas question évidemment d’absorber autre chose que des crus et des mets de la meilleure tradition. Celle-là, on la respecte. on ne s’avise pas de gober du pré-décomposé, ni de la fleur de vidange.

L’anti-art a des limites qu’imposent les douces exigences du portefeuille, du palais et de l’estomac.

BERNARD ANTONY





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