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Au service du bien communVoici ce que la revue ITINÉRAIRES peut dire d'elle-même, de ses principes, de son dessein. Ce n’est pas un catalogue d’intentions gratuites. Cette synthèse qui a pris forme peu à peu, au fur et à mesure que nous avancions, a la caution et la garantie de trente années de travaux pu-bliés. J. M. n° 300I. – L’honneur de servir La revue ITINÉRAIRES est au service de ses lecteurs sous le rapport de leur bien commun intellectuel et moral. C’est par l’intermédiaire de cette finalité particulière qu’elle est ordonnée au service du bien commun temporel et spirituel.L’œuvre de RÉFORME INTELLECTUELLE ET MORALE, chacun commençant par soi, est l’héritage que nous avons reçu de Louis Veuillot, du P. Emmanuel, de Péguy, de Maurras, des Charlier, de Massis, d’Henri Pourrat et de tous ceux qui avec eux et comme eux ont retrouvé le sens de notre véritable tradition nationale et chrétienne. Cet héritage, nous avons à le maintenir vivant et à le transmettre aux nouvelles générations. La réforme intellectuelle et morale dont notre temps a besoin consiste en résumé à redonner à l’esprit de sacrifice la place qu’il occupe forcément dans la vie militaire, où il est plus visi-ble, plus éclatant, ce qui a une valeur d’exemple. Aujourd’hui, au milieu de l’obscurantisme spirituel et du désert moral des sociétés moder-nes, que proposer à l’enthousiasme de la jeunesse, sinon d’abord l’austérité, la discipline, l’héroïsme militaires. Et non pas notre devise officielle « liberté-égalité-fraternité » qui tient lieu d’idéal moral et civique à nos républiques. Certes il serait très important, au lieu d’en avoir une idée fausse, d’avoir une juste idée de la liberté, une juste idée de l’égalité, une juste idée de la fraternité ; et une idée juste des « droits de l’homme » : non pas des droits formulés comme si « l’homme » naissait adulte trouvé et était destiné à mourir célibataire. Même dans le cas d’une juste formulation, une « déclaration des droits » ne suffira cependant jamais à susciter la discipline nationale et l’esprit de sacrifice. Il faut autre chose pour faire naître, cultiver, honorer l’esprit de sacrifice qui anime les ver-tus du travail, les vertus familiales et les vertus militaires. Le véritable rôle des pouvoirs culturels est précisément de cultiver les vertus intellectuelles et morales : car toutes les vertus ont besoin d’être cultivées, elles ont besoin d’être exercées avec patience et énergie, elles ont besoin d’être encouragées et honorées, sinon elles s’anémient ou disparaissent. Les pouvoirs culturels du monde moderne cultivent les vices de la société permissive. Ils cultivent l’esprit de jouissance au détriment de l’esprit de sacrifice ; ils cultivent l’esprit de re-vendication à la place de l’honneur de servir au péril de sa vie. Les vertus religieuses que cultive la tradition catholique sont aussi marginalisées, aussi dis-créditées que les vertus militaires. Ce sera une fois encore l’alliance des vertus militaires et des vertus religieuses qui pourra : – partout dans le monde, refaire une chrétienté ; – et ici, restaurer le visage de la France, son âme et son honneur. II. – L’apostasie immanente Après la mort de Pie XII, en 1958, il a fallu peu à peu, et de plus en plus, assumer des tâches supplémentaires, en raison de la défaillance des institutions religieuses responsables.Nous l’avions écrit à Paul VI en 1972, et depuis lors la situation ne s’est pas améliorée : « Les altérations de l’Écriture se sont multipliées au point qu’il n’y a plus en fait, aujourd’hui, pour les livres sacrés, de garantie certaine. » Il faudrait tout vérifier par soi-même, et la plupart des prêtres et des fidèles n’en ont ni le temps, ni les moyens, ni la compétence. Il est avéré, nous l’avions écrit à Paul VI, que « les enfants chrétiens ne sont plus éduqués mais avilis par les méthodes, les pratiques, les idéologies qui prévalent le plus souvent, dé-sormais, dans la société ecclésiastique. Les innovations qui s’y imposent en se réclamant à tort ou à raison du dernier concile – et qui consistent en résumé, à sans cesse retarder et à dimi-nuer l’instruction des vérités révélées, à sans cesse avancer et augmenter la révélation de la sexualité et de ses sortilèges – font lever dans le monde entier une génération d’apostats et de sauvages, chaque jour mieux préparés à demain s’entretuer aveuglément ». Cette situation-là non plus ne s’est pas améliorée. A contre-courant de cette apostasie immanente, nous gardons l’Écriture sainte, et le caté-chisme romain, et la messe catholique. Nous voulons conserver, cultiver, transmettre la pensée permanente, universelle et définie de l’Église, en travaillant à notre place et par les moyens qui sont les nôtres : 1. – à la reconquête du texte authentique et de l’interprétation traditionnelle de l’Écriture sainte ; 2. – à la propagation des trois connaissances nécessaires au salut et des quatre parties obligatoires de tout catéchisme catholique selon la doctrine du catéchisme du Concile de Trente, seul catéchisme romain, étudié soit dans son texte même, soit simultanément dans ses adapta-tions authentiques comme le catéchisme de saint Pie X et le catéchisme de la famille chrétien-ne du P. Emmanuel ; 3. – au soutien matériel et moral des prêtres qui maintiennent vivante, en la célébrant, la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le missel romain de saint Pie V. III. – Notre réclamation Il est clair que l’ensemble du peuple chrétien et du clergé catholique ne peuvent guère avoir spontanément le courage ou le discernement de garder l’Écriture sainte, le catéchisme romain et la messe catholique ; ils ne peuvent guère avoir le courage ou le discernement de les mainte-nir coûte que coûte au centre de l’éducation des enfants.Pour qu’ils aient ce discernement et ce courage, il faut qu’ils y soient positivement et suffi-samment incités par l’autorité spirituelle que Dieu a établie pour cela. C’est pourquoi, tournés vers les responsables de la hiérarchie ecclésiastique, nous faisons entendre une réclamation ininterrompue : – Rendez-nous l’Écriture, le catéchisme et la messe ! N Nous sommes à genoux devant les successeurs des apôtres, c’est un agenouillement d’hommes libres, comme disait Péguy, les suppliant et les interpellant pour le salut de leur âme et pour le salut de leur peuple. Qu’ils rendent au peuple chrétien la parole de Dieu, le catéchisme romain et la messe catholique. Tant qu’ils ne l’ont pas fait, ils sont comme morts. Nous leur réclamons notre pain quotidien et ils ne cessent de nous jeter des pierres. Mais ces pierres mêmes crient contre eux jusqu’au ciel : – Rendez-nous l’Écriture sainte, le catéchisme romain et la messe catholique ! – Notre réclamation, quand les hommes d’Église ne veulent pas l’entendre, nous la crions à la terre et au ciel, aux Anges et à Dieu. IV. – Nos intentions Les intentions de notre action intellectuelle et morale réclament un combat spirituel. Elles sont donc en même temps des intentions de prière. AuAussi souvent qu’ils le peuvent – et si possible une fois par mois, régulièrement, ensemble, en quelque sorte institutionnellement, de préférence le dernier vendredi – les rédacteurs, les lecteurs, les amis de la revue ITINÉRAIRES vont à la messe là où ils trouvent une messe catho-lique, priant les uns pour les autres ; pour l’œuvre de réforme intellectuelle et morale ; aux in-tentions du clergé et du peuple abandonnés ; et faisant mémoire de nos morts : Joseph HOURS Georges DUMOULIN Antoine LESTRA Charles DE KONINCK Henri BARBÉ Dom G. AUBOURG L’abbé V.-A. BERTO Henri MASSIS Dominique MORIN André CHARLIER Claude FRANCHET Henri RAMBAUD R.-Th. CALMEL O.P. Henri CHARLIER Jean-Marc DUFOUR Luce QUENETTE Gustave CORÇAO Geneviève ARFEL Émile DURIN Fernand SORLOT Joseph THÉROL André GUÈS B.-M. DE CHIVRÉ O.P. Chaque jour, trois fois par jour, le matin, à midi, le soir, notre commun rendez-vous spirituel est la récitation, de préférence en latin, de l’Angelus (remplacé durant le temps pascal par le Regina Coeli). V. – Le premier droit des peuples L’abaissement des nations européennes est venu de la lutte intestine qu’elles ont menée, en elles contre le christianisme, entre elles pour la domination temporelle. Ces anciennes nations chrétiennes d’Occident ont finalement été livrées à la maçonnerie et au communisme par la trahison de leurs autorités constituées, les temporelles et les spirituelles. Elles ont été privées du premier de tous leurs droits : car le premier droit des peuples est celui d’être gouvernés se-lon la loi naturelle et en vue du bien commun national.Ce premier droit est la condition politique de la juste définition et du sage exercice de tous les autres droits sans quoi les « droits de l’homme » subissent les manipulations subversives et alimentent les revendications révolutionnaires. L’esprit qui domine le monde contemporain est celui de l’anti-dogmatisme maçonnique. Mais un dogme, cela veut dire une vérité objective, universelle, enseignée avec autorité (avec une autorité proportionnée au niveau naturel ou surnaturel de la vérité enseignée). Il n’y a plus aujourd’hui de dogmes reconnus par un consensus social. La seule loi subsistante est celle, factice et variable, de la prétendue volonté générale autrement dit la loi du nombre, mais manipu-lée par les oligarchies en place. Les peuples sont ainsi livrés à l’anarchie intellectuelle, à l’arbitraire moral, au despotisme politique. VI. – La vérité qui libère Nous vivons dans une société systématiquement hostile à tout ce que nous faisons, à tout ce que nous voulons, à tout ce que nous aimons.Notre résolution sans retour est de n’accepter aucune connivence avec les fausses politiques et avec les nouvelles religions du monde moderne. Ce n’est pas la connivence qui pourrait convertir les nouveaux barbares. Ils attendent sans le savoir quelque chose de radicalement dif-férent de cet univers maçonnico-marxiste dans lequel ils sont sociologiquement enfermés. Ce quelque chose de radicalement différent, nous en avons la tradition, nous en avons le trésor, nous en avons le secret, et dans cette mesure nous en avons la charge. Ils attendent sans le sa-voir la vérité qui délivre : la vérité qui leur permettra de se connaître pécheurs et de se savoir sauvés. Ce qui est bien le contraire du monde moderne, qui croit n’avoir besoin d’aucun salut surnaturel, et n’être coupable d’aucun péché. VII. – Face à l’esclavage Le communisme est au XXe siècle la forme la plus achevée de l’injustice sociale et de l’exploitation de l’homme par l’homme. Il impose une nouvelle forme d’esclavage, la plus tota-le que l’histoire ait connue jusqu’ici, parce qu’elle est la plus radicale négation du droit naturel et surnaturel.La résistance aux entreprises de l’organisation communiste internationale est au premier rang de nos urgences temporelles. Elle n’est pas abolie, elle est assumée par nos urgences spi-rituelles : par les œuvres de la foi, de l’espérance et de la charité. Dans le temporel nous travaillons pour l’éternel. |